
Le 30 juin 2025, Europol a annoncé la destruction d’un important réseau criminel spécialisé dans la fraude aux investissements en cryptomonnaies. L’enquête, coordonnée par les autorités espagnoles, a permis l’arrestation de cinq individus et la neutralisation d’un système de blanchiment ayant siphonné près de 460 millions d’euros (soit 540 millions de dollars) à plus de 5 000 victimes dans le monde entier.
Chronologie et déroulement de l’enquête
Le scandale a été révélé au terme d’une longue enquête commencée en 2023. Les autorités espagnoles, soutenues par Europol et accompagnées de partenaires en France, en Estonie et aux États‑Unis (notamment Homeland Security Investigations), ont mis en place un dispositif international d’enquête et d’analyse opérationnelle.
Le jour de l’interpellation, un expert en cryptomonnaies a été mobilisé en Espagne pour tracer et sécuriser les fonds détournés dès leur localisation sur les plateformes et portefeuilles ciblés. Au total, cinq suspects ont été arrêtés : trois dans les îles Canaries et deux à Madrid.
Un réseau sophistiqué à portée mondiale
Selon Europol, le réseau suspect employait une armée d’accompagnateurs disséminés sur plusieurs continents. Ces complices facilitaient la collecte des fonds grâce à divers moyens : retraits en espèces, virements bancaires et transactions en cryptomonnaies.
Les enquêteurs estiment que les cerveaux du système ont mis en place une infrastructure financière complexe basée à Hong Kong, composée de sociétés écrans et de comptes bancaires, ainsi que de passerelles de paiement utilisant des noms et identités variés. Cette architecture multilatérale permettait de camoufler la provenance et la destination des fonds, en multipliant les échanges sur différentes plateformes et comptes utilisateurs.
Le rôle de l’intelligence artificielle et la recrudescence des arnaques
Europol pointe une tendance inquiétante : l’usage croissant de l’intelligence artificielle dans les fraudes en ligne. Cette technologie permet de générer des publicités truquées extrêmement persuasives, mettant en scène des célébrités à l’aide de deepfakes.
En avril 2025, les autorités espagnoles ont déjà mené une opération parallèle, aboutissant à six arrestations pour avoir exploité l’IA dans le cadre d’arnaques spectaculaires liées aux cryptomonnaies. Ces techniques incluent des publicités détournées destinées à inspirer confiance et inciter à investir.
Cadre juridique et actions européennes
Face à l’explosion de ce type d’escroqueries, les régulateurs européens multiplient les initiatives. En France, l’Autorité des marchés financiers a mis hors ligne plus de 181 sites d’investissement factices, pour un préjudice moyen de 29 500 € par victime en 2024. Elle a également infligé 26,5 millions d’euros d’amendes à soixante entités impliquées. En Belgique, l’organisme FSMA a identifié des pertes de 15,9 millions d’euros, dont plus de 12,5 millions liées à des plateformes trompeuses, principalement en cryptomonnaies.
Les pertes dépassent également les frontières européennes : au Royaume-Uni, les citoyens ont perdu jusqu’à 1,17 milliard de livres en 2024 à cause de la fraude financière ; en Australie, plus de 119 millions de dollars australiens ont été perdus dans les premiers mois de 2025.
Perspectives
Cette vaste opération démontre que la lutte internationale contre les fraudes associées aux cryptomonnaies s’intensifie. Europol, via son partenariat avec la Guardia Civil espagnole, a su coordonner une riposte efficace, assortie d’une expertise technique cruciale et d’outils adaptés à la traçabilité des actifs blockchain.
Malgré la saisie de 460 millions d’euros, Europol se félicite mais prévient que l’enquête se poursuit : les infrastructures financières utilisées pourraient encore abriter des traces à extraire, et le réseau pourrait être plus étendu que ce que l’on sait à ce stade :contentReference[oaicite:14]{index=14}.
Enfin, les autorités alertent : les arnaques basées sur les cryptomonnaies et les investissements frauduleux, dopées par l’intelligence artificielle, représenteront probablement la forme dominante de cybercriminalité dans les années à venir. Les individus et les entreprises doivent rester vigilants et les régulateurs continuer à renforcer leurs outils et campagnes de sensibilisation.
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