
Contexte et ciblage de Radix
Radix, basé à Zurich, est une fondation spécialisée dans la promotion de la santé, notamment via des programmes éducatifs et des services de conseil en ligne comme SafeZone et StopSmoking. Cette entité travaille en partenariat avec plusieurs autorités fédérales suisses, des cantons, des communes et des organisations privées.
Le groupe Sarcoma : profil d’un nouvel acteur menaçant
Sarcoma est un acteur ransomware apparu pour la première fois en octobre 2024. En quelques mois, il a multiplié les attaques, en revendiquant notamment une compromission de l’industriel taïwanais Unimicron en février 2025. Le mode opératoire consistait alors en une double extorsion : vol de données sensibles puis chantage via encryption et menace de les diffuser sur le dark web.
Chronologie de l’attaque
L’assaut contre Radix aurait été initié le 16 juin 2025, selon les communiqués officiels de l’organisation et du Centre national suisse pour la cybersécurité (NCSC). Les hackers ont accédé au réseau, exfiltré puis chiffré des données. Après l’échec de l’extorsion, ils ont mis en ligne un volume estimé entre 1,3 et 2 téraoctets sur leur portail, un geste d’intimidation destiné à obliger Radix à céder.
Portée des données affectées
BleepingComputer évoque unvolume de données de 1,3 To, incluant des scans, contrats, communications, et enregistrements financiers. Radix et les autorités fédérales n’ont pour l’heure pas identifié d’éléments sensibles ou critiques parmi les données exposées, bien que l’enquête soit en cours.
Réaction de Radix et des autorités
À la découverte de l’intrusion, Radix a immédiatement coupé les accès, restauré les données chiffrées à partir de sauvegardes sécurisées, et surveille la situation de près. L’organisation affirme n’avoir pas encore engagé de négociations financières, sans toutefois exclure cette hypothèse. Par ailleurs, elle a averti individuellement les personnes potentiellement impactées et recommande vigilance face aux tentatives de phishing ou de fraude au long cours.
Enquête en cours et mesures en cours
Le NCSC suisse, épaulé par des experts indépendants, est mobilisé pour analyser le volume volé, en établir la nature exacte et déterminer quelles agences fédérales ont été affectées. Bien que Radix assure que ses plateformes de counselling SafeZone et StopSmoking, hébergées à l’extérieur de son infrastructure principale, n’ont pas été compromises, l’enquête est encore active.
Conséquences et responsabilités
Cette affaire rappelle la dépendance des institutions publiques envers des prestataires tiers, notamment dans le domaine de la santé. Le fait que Radix travaille pour des offices fédéraux met en lumière les risques associés à l’écosystème numérique public. Le précédent d’un incident similaire survenu en mars 2024, via l’attaque du prestataire Xplain par le groupe Play, qui avait alors entraîné la fuite de 65 000 documents gouvernementaux, accentue la gravité de la situation.
Analyse des méthodes cybercriminelles
Les experts en cybersécurité pointent un manuel opératif typique : accès initial via phishing ou faille non corrigée, exploitation de RDP, déplacement latéral sur le réseau, exfiltration, encryption, puis double extorsion. Des indices montrent que Sarcoma opère probablement depuis l’Europe de l’Est, sur le même modèle que d’autres groupes récents.
Enjeux pour la santé publique
La compromission d’une organisation public-privé comme Radix soulève une double problématique : premièrement, le risque pour les patients et citoyens dont les données pourraient être exposées ou utilisées contre eux ; deuxièmement, l’impact sur la confiance qu’accordent les autorités à leurs partenaires, qui pourrait freiner des initiatives de santé numériques si la sécurisation n’est pas garantie.
Pistes d’amélioration et perspectives
Les leçons à tirer sont claires : renforcer les audits de sécurité des infrastructures tierces, imposer des protections avancées (authentification multifacteur, segmentation réseau, anti-phishing, etc.), et établir des clauses contractuelles contraignantes sur la protection des données et les protocoles de réponse aux incidents. Un plus grand partage d’informations entre entités publiques, prestataires et NCSC améliorerait la résilience face aux menaces similaires.
En résumé
Cette attaque contre Radix orchestrée par le groupe Sarcoma met en lumière les vulnérabilités persistantes dans le maillage numérique des services publics en Suisse. Malgré les sauvegardes et la réactivité de Radix, les enjeux de confidentialité et de confiance restent critiques. Le gouvernement suisse et ses partenaires doivent impérativement renforcer les protections, intensifier la collaboration cybernationale et tirer des enseignements du passé pour éviter que la santé publique ne soit compromise à l’avenir.
Références :
Bleeping Computer - Switzerland says government data stolen in ransomware attack
The Record Media - Swiss nonprofit health organization breached by Sarcoma ransomware group
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