
L’arnaque au Wangiri est une forme de fraude téléphonique aussi discrète qu’efficace. Le principe est simple : faire sonner un téléphone une seule fois pour empêcher la victime de prendre l'appel et l'inciter à rappeler un numéro surtaxé à l’étranger. Le terme "Wangiri", d’origine japonaise, signifie littéralement "un appel et ça coupe", ce qui résume parfaitement la technique. Dans cet article, nous allons explorer en détail ce type d’escroquerie : son fonctionnement, ses dangers, les numéros concernés, des exemples concrets, et surtout, les moyens de s’en protéger efficacement.
Comment fonctionne l’arnaque au Wangiri ?
La mécanique de cette fraude repose sur un réflexe humain : rappeler un appel manqué, surtout s’il provient d’un numéro international inconnu. Le fraudeur configure un robot ou un système automatisé pour composer en rafale des milliers de numéros. Chaque appel ne dure qu’une ou deux sonneries, puis raccroche automatiquement, laissant un appel manqué visible sur le téléphone de la victime.
Lorsque la personne rappelle, elle est connectée à un numéro surtaxé à l’international (souvent basé en Afrique, dans les Caraïbes, ou en Europe de l'Est) et se retrouve facturée lourdement à la minute, même si la ligne semble silencieuse ou diffuse de la musique d'attente. Il est cependant plus courant d'être en relation avec une personne qui essaiera de faire durer la conversation le plus possible.
Des exemples concrets en France et en Europe
En 2019, l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) en France a reçu une vague de signalements concernant des appels en provenance d’indicatifs +216 (Tunisie), +225 (Côte d’Ivoire), +223 (Mali), et +676 (Tonga). De nombreux utilisateurs ont rapporté avoir perdu jusqu’à plusieurs dizaines d’euros après avoir simplement rappelé un appel manqué.
En Espagne, une campagne similaire a été menée à partir de numéros commençant par +252 (Somalie), conduisant l’agence espagnole de cybersécurité à alerter la population par voie de presse. Ces campagnes ciblent souvent les heures tardives (nuit, week-end) pour maximiser les chances que la personne rappelle sans réfléchir.
Quels sont les indicatifs les plus utilisés ?
Les escrocs choisissent des pays avec peu de régulations, ou qui autorisent la mise en place de lignes téléphoniques premium. Voici quelques indicatifs souvent associés à des arnaques Wangiri :
- +225 (Côte d’Ivoire)
- +216 (Tunisie)
- +234 (Nigéria)
- +678 (Vanuatu)
- +383 (Kosovo)
- +252 (Somalie)
Il est important de noter que ce ne sont pas les pays eux-mêmes qui sont responsables, mais bien des cybercriminels exploitant des failles dans leur système téléphonique.
Pourquoi l’arnaque Wangiri fonctionne-t-elle si bien ?
Tout comme le phishing en cybersécurité, cette technique joue sur des réflexes cognitifs : la curiosité, la peur de manquer un appel important, ou encore la confusion à cause de l’indicatif international. Elle est également difficile à repérer car le numéro affiché semble authentique.
De plus, contrairement à d’autres arnaques nécessitant des interactions complexes, ici une seule action suffit : rappeler. C’est un piège instantané et silencieux.
Comment se protéger contre l’arnaque Wangiri ?
Plusieurs bonnes pratiques permettent de réduire considérablement les risques :
- Ne jamais rappeler un numéro international inconnu que vous ne reconnaissez pas, surtout s’il n’a sonné qu’une seule fois.
- Activer les filtres anti-spam sur votre téléphone ou via votre opérateur. Des applications comme Truecaller, Hiya ou Orange Téléphone peuvent aider à identifier les numéros suspects.
- Signaler les numéros frauduleux sur les plateformes comme 33700.fr, service officiel en France pour les spams vocaux et SMS.
- Bloquer manuellement les indicatifs sensibles si vous ne communiquez pas à l'international.
Quel est l’impact financier réel ?
Les pertes peuvent varier selon les opérateurs et les durées d’appel. Certains numéros facturent jusqu’à 3 euros la minute, et les appels durent parfois plusieurs dizaines de secondes avant qu’on réalise qu’il s’agit d’une arnaque. En cumulant les victimes, les gains pour les cybercriminels peuvent se chiffrer en millions d’euros.
Que font les autorités ?
Des entités comme l’ARCEP, la DGCCRF et les opérateurs télécoms collaborent pour bloquer ces numéros à la source. En 2022, plusieurs opérateurs ont mis en place des filtres automatiques d’appel pour les indicatifs suspects. Toutefois, les fraudeurs s’adaptent en changeant fréquemment de numéros ou en exploitant de nouveaux pays.
Wangiri et avenir : vers de nouvelles formes de fraudes télécoms
Avec l’évolution des technologies, l’arnaque au Wangiri pourrait s’associer à des techniques plus avancées comme les deepfakes vocaux ou les bots intelligents capables de converser quelques instants pour légitimer un appel. Cela rendra la détection encore plus difficile pour les usagers non avertis.
Dans ce contexte, la sensibilisation reste la meilleure défense. Il est crucial de changer notre comportement vis-à-vis des appels inconnus, à l’image de ce qui se fait déjà pour les emails suspects.
L’arnaque au Wangiri est une menace discrète mais bien réelle. Elle s’appuie sur la simplicité de l’appel téléphonique pour escroquer des milliers de personnes, souvent sans qu’elles s’en rendent compte immédiatement. Grâce à une meilleure information, à des outils de protection, et à la vigilance collective, il est possible de réduire son impact. Si vous recevez un appel manqué d’un numéro international inconnu, le bon réflexe est simple : ne rappelez pas.
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