Extensions malveillantes sur Chrome : comprendre les risques et se protéger

Les extensions Chrome peuvent enrichir votre navigateur avec des fonctionnalités utiles comme la météo, les VPN, ou les raccourcis. Toutefois, une menace sérieuse émerge : des extensions malveillantes dissimulées parmi des utilitaires légitimes ciblent des millions d’utilisateurs, compromettant la vie privée et la sécurité.
État des lieux : des millions d’installations à risque
En juillet 2025, Koi Security a mis en lumière une dizaine d’extensions malveillantes totalisant 1,7 million de téléchargements sur le Chrome Web Store. Parmi elles : intensificateur de son, VPN, clavier emoji, contrôleur de vitesse vidéo… Des outils anodins, mais capables d’injecter un code espion.
Même schéma pour Chromium Edge : environ 600 000 installations supplémentaires, soit 2,3 millions d’utilisateurs compromis.
En parallèle, d’autres acteurs malveillants ont orchestré des campagnes massives. Plus de 100 extensions malveillantes actives ont été détectées depuis 2024, continuant à siphonner sessions, cookies, compteurs d’ads, et données sensibles.
Comment ces extensions fonctionnent-elles ?
Dissimilation sous couvert d’utilitaires utiles : la tactique est simple : proposer un outil fonctionnel (VPN, météo, clavier emoji…), se rendant donc populaire avec de bons avis, puis injecter du code malveillant via les mises à jour.
Infection via les mises à jour : Google autorise les mises à jour silencieuses. Les auteurs intègrent le code espion une fois l’extension bien en place, sans interaction de l’utilisateur.
Exfiltration des données : en arrière-plan (« service worker »), l’extension écoute chaque navigation, envoie l’URL + un identifiant unique vers un serveur malveillant. Ce dernier peut renvoyer des règles, redirections, ou scripts coercitifs.
Stage avancé : vol d’identifiants et cookies : de nombreuses extensions interceptent vos cookies, jetons d’accès et peuvent se comporter en VPN ou proxy inline, ce qui ouvre la porte à la prise de contrôle de comptes.
Technique de l’extension « muable » : le groupe SquareX Labs a identifié des modules qui désactivent une extension légitime, plantent un clone visuel et la remplacent sournoisement — vous restez sur l’illusion alors que l’extension est un piège.
Cas concrets et statistiques
— 1,7 million d’installations sur Chrome pour une douzaine d’extensions malveillantes.
— 600 000 installations sur Edge, soit 2,3 millions d’utilisateurs au total.
— Plus de 100 extensions malveillantes détectées depuis début 2024.
— 30 extensions ciblées fin 2024 : 20 voleurs de cookies, 10 traqueurs via bibliothèques monétisées.
— 57 extensions suspectées actives récemment, représentant 6 millions d’installations.
Cadre réglementaire et protection
Politique Chrome Web Store : Google affirme que moins de 1 % des installations étaient potentiellement infectées. Depuis janvier 2025, des outils comme Manifest V3 limitent drastiquement les capacités malveillantes (évaluation académique : pertes d’API de 87 %, mais 56 % des malwares restent efficaces).
Mesures pour entreprises : avec Chrome Enterprise, les administrateurs peuvent restreindre les extensions validées, retirer celles déjà installées et bloquer les installations futures.
Bonnes pratiques pour l’utilisateur
1. Limiter le nombre d’extensions installées et ne garder que celles strictement nécessaires.
2. Vérifier les autorisations demandées : attention aux extensions qui réclament un accès total aux données.
3. Consulter les avis extérieurs, notamment les forums de cybersécurité.
4. Observer tout changement de comportement après une mise à jour.
5. Utiliser un antivirus moderne avec protection comportementale web.
6. Surveiller les connexions ouvertes sur vos comptes sensibles.
7. Supprimer toute extension douteuse ou inutile via le menu « Extensions ».
En résumé
Le succès des extensions Chrome est contrebalancé par l’exploitation des failles du système : mises à jour silencieuses, permissions excessives, clones visuels, exfiltration de données. Chaque utilisateur doit adopter des réflexes de prudence : installer peu, réviser souvent, vérifier les droits. Pour Google, renforcer le contrôle qualité, les alertes comportementales et l’analyse automatique sont essentiels. L’écosystème des extensions ne peut évoluer sans préserver sa confiance.
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